Fête nationale du 14 juillet 2015 : allocution de S.E.M. Jean-Pierre Vidon, Ambassadeur de France auprès de la République du Congo
Monsieur le Ministre d’Etat, ministre des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande, représentant Son Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les chefs de mission diplomatique et de poste consulaire, et les représentants des organisations internationales,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs en vos rangs, grades et qualités,
Mes chers compatriotes,
Je voudrais tout d’abord vous remercier, toutes et tous pour votre présence, ce soir, afin de célébrer la Fête nationale française à la date doublement emblématique du 14 juillet, celle de la fin de l’absolutisme, avec la prise de la Bastille en 1789, et celle de l’union nationale, avec la Fête de la Fédération en 1790.
Il y a un an, en vous accueillant à la Case de Gaulle, le recul qui était le mien pour évoquer la relation entre nos deux pays n’excédait guère quatre mois. Il en est autrement aujourd’hui, après avoir perçu plus encore l’étroitesse des liens qui nous unissent et dont une illustration vient d’être donnée par les entretiens fructueux, de substance, que Son Excellence Monsieur le Président de la République vient d’avoir, à Paris, avec son homologue français, avec le Premier ministre et avec le ministre des Affaires étrangères et du Développement international.
La diversité des domaines dans lesquels nous travaillons ensemble, Congolais et Français, apporte elle aussi la preuve de cette densité de la relation. Elle se fonde sur un vécu qui, nous le savons, est largement antérieur aux 55 dernières années, un passé plus lointain, que la République du Congo et la France ont su assumer ainsi qu’en témoigne le Mémorial dédié à Pierre Savorgnan de Brazza.
Ainsi avons-nous célébré ensemble, et avec l’Allemagne, le centenaire de la Première guerre mondiale, avec la restauration du site mémoriel de Mbirou et la cérémonie du 22 août dernier, initiative prolongée lors d’un second déplacement en mars pour finaliser cette action, ce qui m’a permis aussi de m’incliner, à Makoua, sur le tombeau, récemment aménagé, du dernier Poilu congolais de 14-18.
Unis d’intention, nous le sommes pour rendre hommage aux Anciens mais également dans les moments d’adversité : il en a été ainsi lors des lâches attentats terroristes de janvier, à Paris, qui ont justifié la compassion de nos partenaires congolais, exprimée jusqu’au plus haut niveau, avec la venue, à l’ambassade, du chef de l’Etat, geste auquel j’ai été, avec la communauté française, très sensible.
Œuvrer aujourd’hui en faveur de la paix et de la sécurité collective est une priorité qui nous unit ainsi qu’en témoignent nos efforts pour que le peuple centrafricain surmonte les épreuves qu’il subit depuis plus de deux années. Aussi je souhaite saluer le départ du contingent congolais de la MINUSCA auquel la France a contribué à la mise en condition, en coordination avec notre partenaire commun, les Etats-Unis.
Cette sécurité régionale, c’est aussi sur la mer qu’elle doit prévaloir et là encore, nous avons affirmé la volonté de travailler ensemble. Sans hésitation, le Congo a accepté d’accueillir en mai, à Pointe-Noire, dans le cadre de la lutte contre la piraterie maritime, la réunion du Groupe du G7 des Amis du Golfe de Guinée, sous présidence française.
Ce choix a permis de mettre en valeur l’implantation dans cette ville du CRESMAC, Centre régional de la sécurité maritime relevant de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale. Dans le même esprit, quatre escales navales de nos bâtiments sont intervenues depuis le début 2015, avec chaque fois, des exercices menés avec la Marine nationale congolaise visant, en particulier, à contrer ce fléau.
Ce cadre régional, nous souhaitons aussi le privilégier pour agir de concert, avec le Congo, dans le domaine des droits de l’Homme. Ainsi, à l’initiative de l’ambassade, qui avait conçu ce projet, l’Université Marien Ngouabi accueillait, en décembre dernier, le premier séminaire régional dédié à la thématique des droits des personnes et des populations vulnérables. Je salue, ce soir, les représentants des associations congolaises qui assurent une veille dans ce domaine.
Cette année, dans le même esprit, il a été proposé par la France et l’OIF, en partenariat avec l’ONG « Ensemble contre la peine de mort », que se tienne à Brazzaville un séminaire parlementaire sur l’abolition de la peine de mort en Afrique subsaharienne francophone. A cet événement qui interviendra au quatrième trimestre, l’honorable Président de l’Assemblée nationale a marqué son accord et son soutien. Puisse cette initiative ouvrir la voie à des avancées significatives ici comme ailleurs !
De concert aussi, nous souhaitons agir pour contenir les effets des changements climatiques. Le sujet a été à l’ordre du jour des conversations entre les deux chefs d’Etat. A cette occasion, le Président François Hollande a salué la mobilisation de la République du Congo en faveur de la Conférence de Paris sur le Climat.
Allant dans ce sens, un soutien est actuellement apporté par l’Agence française de Développement, l’AFD, pour faciliter l’élaboration, par le Congo, de sa contribution nationale qui a notamment pour objet de définir les moyens de renforcer les actions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
Attentive aux enjeux internationaux, notre coopération a vu, par ailleurs, se poursuivre la politique engagée, de manière innovante, par la France, dans le cadre des contrats de désendettement et de développement, les C2D.
Le premier est en cours d’exécution, le second a été signé le 10 décembre 2014, portant sur un montant de 149 millions d’euros soit près de 100 milliards de F CFA répartis de manière harmonieuse selon trois axes d’intervention, le développement humain, les infrastructures et l’environnement, et selon une orientation géographique maintenant diversifiée . Les deux C2D ont donné lieu, le 21 février, à un comité d’orientation et de suivi, associant membres du Gouvernement, élus, et représentants du secteur privé et de la société civile, répondant ainsi au principe de transparence et de « redevabilité ».
Dans le même temps, les relations économiques ont continué à progresser. La participation, à haut niveau, de la République du Congo, au Forum franco-africain pour une croissance partagée de février 2015 a montré la détermination des autorités à aller dans ce sens, au même titre que l’a prouvé la création, en mars dernier, de l’association AfricaFrance Congo, en miroir à la Fondation Africa France que préside Lionel Zinsou. Ce dernier avait fait le déplacement depuis Paris pour participer à cet événement à Brazzaville. Le même soir, il était, comme moi, reçu, au plus haut niveau de l’Etat, à Oyo avec l’ensemble de l’équipe dirigeante de cette première-née sur le continent, le Congo ayant été précurseur en la matière.
Ce fort engagement intervient dans le contexte difficile que dicte la chute des cours du pétrole. Il n’en revêt que plus d’importance.
En 2014, la vitalité de nos échanges a été attestée par l’augmentation de nos exportations vers le Congo, 9,5%. Cette augmentation s’est inscrite en décalage très favorable par rapport à la quasi-totalité des pays d’Afrique centrale.
En 2015, après un fléchissement initial, c’est aujourd’hui, à nouveau une tendance encourageante que l’on observe avec une progression de 14,8% sur les 5 premiers mois de l’année, par rapport à la même période de 2014, chiffre quasiment inégalé dans la sous-région.
Dans le même temps, nombre de nos entreprises établies au Congo, prestataires de l’Etat, se trouvent dans une situation de trésorerie délicate. Je partage leurs préoccupations tout en comprenant les difficultés majeures que connaît, dans ce domaine, le pays, en raison d’une conjonction de recettes diminuées et de dépenses majorées par les priorités du moment. Mon souhait est qu’un dialogue franc et direct intervienne entre les parties concernées pour rechercher les accommodements nécessaires.
A ce stade il m’appartient d’exprimer mes plus vifs remerciements aux entreprises françaises qui ont bien voulu faire preuve de générosité pour rendre possibles les moments de convivialité que nous partageons, ce soir. Une reconnaissance toute particulière va à celles qui ont accepté, dans la situation inconfortable qui est la leur, d’accorder leur soutien, à la mesure des moyens disponibles.
Qu’il me soit permis, avant de terminer, de revenir sur le mot que j’énonçais, il y a un instant, celui de dialogue mais vous l’aurez compris, dans un contexte différent. C’est le maître-mot, aujourd’hui, ce devrait l’être aussi à tout moment dès lors qu’il s’agit d’œuvrer à la paix publique, au développement d’un pays et, en un mot, au bien-être de ses citoyens.
L’an dernier, à pareille époque, plusieurs articles de la presse brazzavilloise s’étaient plu à relever que la Case de Gaulle avait été le lieu où certains, et non des moindres, au sein de la majorité et de l’opposition, avaient visiblement échangé. Puisse-t-il en être ainsi aujourd’hui encore !
Je n’en dirai pas plus car c’est aux Congolaises et aux Congolais qu’il reviendra de s’exprimer, à travers leurs suffrages, lors des échéances électorales à venir, et cela dans le respect des principes de la démocratie qui ont été notamment posés dans le cadre de l’Organisation internationale de la Francophonie et de l’Union africaine, principes auxquels le Président de la République française a rappelé son attachement.
En revanche, j’ai qualité pour être très direct avec mes compatriotes. Je voudrais, très simplement, leur dire combien leur présence et la contribution qu’ils apportent, à travers leurs activités, à la relation avec la République du Congo, est importante et appréciée de leur ambassade. A toutes et à tous, je demande de donner la meilleure image de la France ; c’est aussi à travers vous, et non pas seulement à travers sa représentation officielle, que notre pays est perçu. De même, je vous exprime tout ma disponibilité et celle de l’équipe France au Congo, autour de moi, pour vous écouter et dialoguer.
J’achèverai en formant des vœux très sincères pour le franc succès que mérite une échéance devenue très proche, celle des Jeux africains. Puisse leur cinquantième anniversaire, là où ils ont connu leur visibilité initiale, s’inscrire en hommage à celles et ceux dont l’engagement déterminé avait forgé la première édition de ce grand événement.
Vive la coopération entre la République du Congo et la République française. Je vous remercie pour votre attention.